Le vote du 19 décembre 2023 restera comme une souillure pour les valeurs morales et humanistes de la République. Alors que l’attente des français était forte pour un débat serein et rationnel sur la
gestion de l’immigration dans notre pays, l’exécutif s’est déshonoré en adoptant un texte d’une grande brutalité s’inspirant largement du programme historique de l’extrême droite.
J’ai à plusieurs reprises exprimé ma volonté de porter dans ce débat une vision claire, fidèle aux valeurs de la gauche, loin de l’idéalisme béat des uns et du populisme xénophobe et outrancier des autres. Nous avions cette responsabilité. Je pense notamment à l’adoption de mesures fortes pour la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension. Or, notre ambition d’aboutir à un texte juste et équilibré a définitivement été enterrée par un exécutif qui a sciemment fait le choix de privilégier de petits accords de couloir avec la droite extrême et l’extrême droite pour maintenir son projet de loi,
quitte à accepter toutes les compromissions.
Préférence nationale dans l’attribution des aides sociales, déchéance de nationalité, remise en cause du droit du sol, durcissement du regroupement familial, restrictions des droits pour les étudiants étrangers
et les étrangers malades… ; toutes les digues ont été franchies. Ce texte est un avilissement idéologique qui instaure un clivage pernicieux entre immigration choisie et immigration subie, immigrés en
situation régulière et irrégulière, qui amalgame l’étranger à l’assistanat et l’insécurité. Je salue le courage et la conviction des membres de la majorité qui n’ont pas voulu participer à cette
compromission collective, je pense notamment au ministre de la santé M. Aurélien Rousseau qui a présenté sa démission. Non content de constituer un déshonneur politique, ce projet de loi fera bientôt la preuve de sa totale inefficacité tant il occulte des enjeux majeurs. L’articulation quant aux besoins de nos territoires en termes d’emploi, l’intégration des personnes en situation régulière, la coopération avec les pays d’origine pour rendre effectives les politiques de régulation et d’expulsion quand cela est nécessaire, les politiques de codéveloppement pour une plus juste redistribution des richesses mondiales, tous ces sujets capitaux sont absents. Nous jugerons des résultats à la fin de cette mandature. Si le Rassemblement national n’est pas au pouvoir, il peut effectivement se prévaloir d’une « victoire
idéologique ». Une de plus, qui progressivement instille l’idée de son inéluctable victoire électorale. Le président Macron s’est toujours prévalu d’incarner le rempart républicain à l’extrême droite, il s’avère
aujourd’hui en être le marche pied.