L’histoire de Philippidès d’Hérodote à Lucien. Une incursion dans l’atelier du mythe


14 juin 2019 - 3210 vues

La première mention de Philippidès provient des écrits d’Hérodote, connu sous l’honorable sobriquet de « Père de l’Histoire » et qui naquit près de dix ans après la bataille de Marathon. Dans le livre VI de ses Histoires, Hérodote décrit, en -490, une Grèce divisée, composée de cités-Etats, et devant faire face à l’invasion perse par le Nord. Naxos est pillée et ses temples brûlés. Puis la flotte perse fait voile vers Érétrie qui est prise après sept jours de siège. Athènes est la prochaine sur la liste. L’actuelle capitale demande alors de l’aide aux autres cités grecques, et notamment à la vigoureuse et guerrière Sparte. C’est un certain Philippidès qui est chargé de cette requête, en sa qualité d’hémérodrome (porteur de courriers d’état ; facteur en quelque sorte).

Marathon, et Pan !

Philippidès avale alors les plus de deux cents kilomètres qui relient les deux villes. Sur le trajet, il croise la route du dieu Pan – allure de satyre, patron des bergers – sur les pentes du mont Parthénion. Au terme d’une négociation des plus tendues, Philippidès promet la construction d’un autel en échange de l’aide du dieu dans la bataille contre les Perses. L’assistance divine est d’autant plus importante que les Spartiates refusent de venir en aide aux Athéniens, arguant des obligations religieuses en cours.

Sur la plaine de Marathon, située à une quarantaine de kilomètres au nord d’Athènes, la bataille s’engage, opposant 10 000 Grecs (9 000 Athéniens, 1 000 Platéens) à plusieurs dizaines de milliers de Perses. Mieux organisés, les locaux l’emportent si aisément qu’Hérodote rapporte seulement 192 morts du côté grec. Le dieu Pan aura apporté sa pierre à l’édifice ; par ses bruits, il provoque une peur immense chez les Perses, qui agissent alors de manière inconsidérée, comme rendus fous – attitude d’où provient l’expression « panique ». Sur cette note étymologique se conclut l’apport d’Hérodote.

Cinq siècles plus tard, un complément d’informations résulte du philosophe Plutarque. Il affirme qu’après la bataille, « Euclès courut de Marathon, armé, chaud du combat, pour annoncer la victoire aux anciens de la cité qui attendaient assis, anxieux, l’issue de la bataille. Réjouissez-vous, nous vainquons. Sur ce, il mourut et dans la joie son âme le quitta ». Lui-même tient l’histoire d’Héraclide du Pont, philosophe athénien du IVe siècle avant J.-C, dont la majeure partie des textes est aujourd’hui perdue.

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